Le cahier des mots perdus

Couverture Le cahier des mots perdus

 Marseille, septembre 1940 : Blanche est prise dans une rafle, et sa fille Jeanne se retrouve seule dans une chambre d’hôtel. Alors qu’elle guette le retour de sa mère, l’enfant cherche à comprendre, assaillie par les images et les souvenirs.

Ainsi se dessinent l’histoire de Thomas, l’ami allemand qui a fui l’Allemagne nazie et s’est réfugié en France, et celle de Blanche, amoureuse de lui depuis l’enfance. Jeanne tente de reconstituer un puzzle plein d’ombres et de silences, le lien mystérieux entre une femme passionnée et un homme usé par l’exil.

Le regard poignant d’une enfant sur le monde des adultes, la rencontre impossible, la violence de l’Histoire.

(Editions Belfond – 2013)

Alors que l’histoire démarre dès les premiers instants (Blanche, la mère de Jeanne, est emmenée pour un destin inconnu lors d’une rafle dans un café de Marseille, en septembre 1940) avec un côté mystérieux, l’histoire n’a malheureusement pas tardé à me décevoir peu à peu.

Tout d’abord à cause de la narration- ce qui, je le conçois est un détail dans ce cas-ci, mais un détail qui m’a dérangée. A savoir que j’aime les récits où les descriptions et les dialogues sont bien définis et distincts. Or, ici, les quelques rares paroles échangées sont glissées au milieu des paragraphes. En soi, ça n’est pas la mer à boire, mais j’aurais préféré une autre structure.

L’histoire se divise en deux temps: les moments de solitude où Jeanne, abandonnée au café alors que sa mère disparaît dans un fourgon, doit retrouver leur chambre d’hôtel misérable dont elle n’a qu’une vague idée de la localisation (Jeanne est âgée d’une dizaine d’années, autant dire que dans un contexte chaotique comme celui de la France en septembre 1940 et dans une ville qu’elle ne connait pas, elle est perdue) et ceux où elle lit les fameux ‘mots perdus’, témoignage nerveux et passionné de Blanche dans un carnet. Les deux points de vue se recoupent sur plusieurs années puisque les deux parties évoquent le climat d’avant-guerre, alors que Thomas, l’ami allemand, fait son apparition dans leur vie. Deux visions très différentes des mêmes moments puisque Jeanne voit le monde à travers son regard d’enfant tandis que Blanche le vit en temps qu’adolescente puis jeune femme amoureuse. Ce croisement était intéressant, il permet de mettre les événements en perspective, c’est juste un peu dommage que la façon de l’aborder dans l’écriture m’ait moins plu.

L’autre point faible que j’ai trouvé à cette histoire, c’est l’un des personnages. Blanche, plus précisément, qui m’a un peu agacée tout au long de l’histoire. Sa personnalité, sa façon d’agir vis-à-vis des autres mais surtout sa fille ne m’ont pas permis d’éprouver la moindre empathie pour elle. Je l’ai trouvée égoïste. Il est rare qu’un personnage m’évoque un tel sentiment mais cela ne m’a pas quitté une seule fois, même lorsque je découvrais son point de vue.

Un élément que j’ai par contre apprécié, c’est l’approche des relations entre les personnages. Je m’attendais à une romance sur fond de guerre, j’ai trouvé un conflit des émotions et des attentes, beaucoup plus humain et profond. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, bien qu’il y ait des choses qui méritent d’être notées, pour ne pas spoiler l’histoire.

En bref, j’ai trouvé l’ensemble bien ficelé – il y a des passages d’une époque à l’autre qui ne perturbent pas la compréhension de l’histoire – et le fond laissait présager des moments intenses mais au final, tout m’a paru trop survolé. J’aurais probablement préféré la même histoire – malgré le comportement de Blanche – si on avait pu davantage s’attarder sur les différents points forts du récit.